Une fois passée l’appréhension due au format du livre et au thème ‐ qui a la réputation d’être lourd, cognitivement parlant ‐ on est pris dans l’engrenage : de la première à la dernière page, impossible de décrocher.

Instauration du contexte

Parmi les professionnels du web en France, le sujet semble avoir mauvaise haleine : hormis les entreprises spécialisées, les experts qualifiés et quelques pointures de la qualité web, le sujet semble tabou. L’image d’un domaine compliqué, difficile à mettre en place comme à apprendre et coûteux pour le client comme pour le prestataire lui colle aux basques.

Ce livre d’Armony Altinier et Dominique Burger commence donc sereinement par replacer l’accessibilité web dans un contexte historique, technologique et juridique : j’ai énormément appris ! Cette seule première partie vaut le détour, car ces informations rendent la question de l’accessibilité web naturelle, voire évidente. Mais attention : le livre n’est pas indigeste pour autant. Les auteurs tentent judicieusement d’impliquer la compréhension des lecteurs, en mettant en scène des événements qui peuvent arriver à tout le monde : un bras cassé ou une panne de souris, par exemple.

La partie historique est également enrichissante, notamment en ce qui concerne les deux référentiels Français : Accessiweb et RGAA. L’accessibilité est un sujet mouvant et bien que disposant de référentiels aux critères précis, ils ne sont pas pour autant tous pertinents. Tout est toujours une affaire de contexte.

Détail des thématiques Accessiweb

Armony Altinier et Dominique Burger choisissent de se baser sur Accessiweb, pour la simple et bonne raison que c’est un référentiel nettement moins figé que RGAA.

Après une introduction au référentiel, les thématiques sont développées comme suit :

  • Images, cadres et couleurs (thématiques AccessiWeb 1 à 3)
  • Multimédia (thématique AccessiWeb 4)
  • Tableaux (thématique AccessiWeb 5)
  • Liens et scripts (thématique AccessiWeb 6 et 7)
  • Eléments obligatoires, structuration de l’information et présentation de l’information (thématique AccessiWeb 8 à 10)
  • Formulaire, navigation et consultation (thématique AccessiWeb 11 à 13)

Une couche vient s’ajouter ensuite : HTML5 et ARIA.

Ces thématiques sont expliquées, clarifiées et détaillées : des cas concrets avec des vrais morceaux de code viennent illustrer les points les plus intéressants (le cas des tableaux complexes est un excellent exemple).

Un apprentissage permanent

Ce que je retiens de ce livre, c’est le crédo mentionné par les auteurs : la question à se poser lorsqu’on parle d’accessibilité est « est-ce que ça peut pénaliser quelqu’un ? ».[1]

Partant de là, la leçon principale que j’en ai retenu vient tordre le coup à cette image de domaine figé réservé à des experts chevronnés. Non, l’accessibilité web n’est pas plus figée que les autres domaines du web, et non, ce n’est pas si complexe à mettre en oeuvre. Dans la plupart des sites que je réalise, les contenus sont purement textuels : pas de tableaux, pas d’iframe, pas de vidéos ou de sons, et très rarement des images porteuses de sens. Voilà qui élimine déjà beaucoup de problèmes.

Mais pour chaque création de site, et à chaque étape du processus, il faut se poser la question : cela risque-t’il de gêner quelqu’un ? Il est compliqué d’imaginer tous les cas de figure, mais se poser la question est comme poser la première pierre : on bâtit un édifice qui sera forcément plus robuste si l’on s’interroge en amont.

  1. La démarche est bien de s’interroger : vous pouvez choisir de ne pas tenir compte de certaines remarques. Par exemple sur ce site, je justifie le texte courant, mais cela est considéré comme une mauvaise pratique et un risque pour l’accessibilité des contenus. ↩︎

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